Entité sioniste en Cisjordanie le soleil se soulève les abords de Seine Paris crache : entité sioniste en Cisjordanie il entame des négociations accélérées pour la formation d'un gouvernement de coalition au bout de sa rue, la rue du Temple. Il négocie une jupe et un croissant. Il longe l'hôpital Hassadah dans les yeux de la fille – parfaitement accessible, déjà ouverte. Il suffit de parler, et c'est un réflexe de survie qu'on cultive – ils sont niais et innocents. Les dons d'organe ne sont qu'un exemple d'une collaboration médicale croissante qui colore un peu d'espoir cette région explosive qu'est Danger. « MINISRAEL : Tout Israël en miniature ! » Israël en carton miniature dans sa tête qui vient colorer la fille de sa vie caramel à passer ses yeux dans les beef-steaks décolorés au sol, giclés des bus. La fille est parisienne et très sensible, elle s'écarte. Elle est le paysage d'Israël revenu d'ailleurs. La terre d'asile d'Israël. Ça va chier maintenant, ce qu'il s'était dit en arrivant ici à dix-huit ans.
Je t'aime, est-ce que tu comprends comme je t'aime et comme je te connais depuis toujours. N'écoute pas mes mots, est-ce que tu comprends comme je t'aime, ne m'écoute surtout pas, garde juste ma silhouette et comment je t'ai regardé ; je t'aime déjà. Est-ce que tu le comprends. Est-ce que tu te demandes comme moi ce que ça veut dire, et comment par périodes le chemin finit par se raccourcir, comme on est des erreurs étranglées. Je t'aime, à quoi tu penses. Est-ce que tu penses à moi. Est-ce que tu y penses comme j'y pense, abîmée à l'extérieur, le corps ouvert au vent, engouffré de la ville. Je t'aime est-ce que tu m'as redessinée ou est-ce que tu penses à moi sans avoir mis de mots là-dessus sans m'avoir redessinée, je t'aime, je t'aime déjà est-ce que tu penses à moi et comment tu y penses, est-ce que tu penses que les corps s'interchangent, est-ce que tu penses que nous valons une somme d'argent, de dons et de talents, d'argent, ou est-ce que tu penses qu'il n'y a que des âmes je t'aime est-ce que tu comprends, est-ce que tu penses à moi, comment tu y penses, où es-tu maintenant, est-ce que tu penses à moi, est-ce que tu gardes comme moi le souvenir d'une rupture avant même qu'on se soit connus, est-ce que tu m'a redessinée est-ce que tu as fait cette erreur alors que moi je t'ai toujours pensé avec humilité sans rien garder d'autre que tes paroles ce que tu montrais c'est-à-dire pas grand-chose. Est-ce que tu as eu cette humilité de garder pas grand-chose de moi, comme moi je n'ai rien pris de toi, sans me redessiner, est-ce que tu n'as jamais vu rien d'autre en moi que les bribes que j'ai données et mes yeux c'est-à-dire pas grand-chose, ou est-ce que tu as eu besoin de me réinventer pour mieux masquer ta solitude est-ce que tu m'aimes je t'aime déjà est-ce que tu penses à moi et comment tu y penses et qui tu es parce qu'on ne se connaît pas. Est-ce que tu te satisfais de ça ou est-ce que tous les soirs tu penses à ce truc qu'on a laissé et ta stupidité, ton âme étiolée qui joue, qui est suspecte et qui a peur, est-ce que tu comprends que tu as peur et moi aussi, est-ce que tu comprends que je me suis vue dans tes yeux, est-ce que tu comprends qu'on est pareil, tu le sais n'est-ce-pas, bien sûr que tu le sens. Est-ce que tu y penses, ou est-ce que tu penses juste à mon cul et tes statistiques dans les chemins de ta banque. Est-ce que tu es stupide, est-ce que tu es comme tous les autres, est-ce que tu es surfait, est-ce que tu penses qu'est-ce que tu penses est-ce que tu sais que je brûle, que je brûle. Est-ce que tu sais que je te laisserai jamais venir en moi. Parce que je brûle et que toi t'as même pas la conviction de brûler devant moi. Est-ce que tu penses que je vois pas tout. Est-ce que tu penses que je te juge ? Tu sais c'était rien, je juge personne, sûrement moins que d'autres, alors m'écoute pas, bien sûr que je te juge pas, tu connais le all for one de James Brown, c'est extraordinaire, c'est un patchwork, le James nous refourgue des passages connus, mais il y a des instants à hauts degrés tu sais je t'aime ; mine de rien et t'es qu'un minable tu sais moi qui je suis pour dire ça ? rien tu sais, on s'est vus tellement minables dans nos yeux, tu sais le champagne, tu sais comme je savais rien dire, tu sais comme on se connaît pas est-ce que tu penses à moi tu sais pas, tu sais rien du tout je t'aime. Tu penses qu'on peut se reposer la terre entière les genoux abîmés dans l'inconnu ? T'es prêt à faire ce sacrifice toi ? Ou est-ce que tu penses qu'on est juste bons à baiser toi et moi, à être des misérables caricatures d'êtres humains et d'amour, à se colporter se radiographer dans des lits blancs, est-ce que tu penses qu'on est des photocopies ? tu sais je t'aime point et tu sais je sais rien, je sais juste que j'ai battu et que t'es bon à abattre parce que ça me fait plaisir parce que ça m'évite de penser à toi et à moi-même. Est-ce que t'as battu toi-aussi, est-ce que tu penses à moi, et comment, est-ce que tu me redessines, ou est-ce que tu as su, et qui tu es, et comment tu vis, est-ce que tu pleures des fois. Je t'aime. Tu sais c'est fou comme on s'abîme et qu'on cherche des choses qui nous ressemblent et qui nous rassemblent, tu sais c'est fou comme les gens ont peur ils ont de la bave blanche à la place du cœur ils aiment épileptiquement tu sais c'est fou comme chacun vibre sans le dire à l'autre et ce qu'on se rate, et comme on se dit et qui tu es toi. Je t'aime. Tu sais, je vais penser toute la nuit comme ça, tu sais, est-ce que tu penses à moi et comment. Et comment tu y penses, c'est surtout ça l'important, comment. Tu sais je suis une malade j'ai des yeux fiévreux tu vivrais pas bien avec moi, tu sais que j'ai les yeux bioniques ? Que je te vois comme tu t'es jamais vu ? que je suis tellement sensible que je vois les gens comme jamais ils se sont vus ? Tu sais que ça fait mal ? Que je peux te faire du mal ? Je te pardonnerai pas, c'est pour ça que je suis partie, t'as dû te retrouver comme un con, je suis désolée c'était pas le but. Je t'ai envoyé bouler au troisième quart d'heure parce que les façades m'insupportent, tu sais j'aime pas le faux et je sais que t'es pas faux, m'écoute pas je voulais te faire peur, je voulais que tu t'en ailles le plus loin possible, très loin, tu sais je t'aime pas, va pas croire, je t'aime pas du tout, non, vraiment pas. T'as tellement peur tu sais, tu vis tellement pas tu sais, tu connais James Brown ? All for one ? Tu penses que des gens peuvent se rassembler et se foutre leurs dix mains sur les poignets en beuglant all for one ? Genre ils s'aiment ? Tu penses ou pas. T'es qui toi d'abord, je me souviens pas de ton nom. Si je sais comment tu t'appelles, je retiens tout, je suis une malade, tu peux pas savoir comme ma vie est une enquête et comme chaque personne ne s'oublie jamais je vis avec des fantômes, tu sais ça toi ? Oui tu sais, t'as vécu en Israël avec des cadavres de bus, t'étais un malade, t'avais ta jeunesse, là ; à baiser partout comme un porc des fois que la vie se finisse trop vite. T'es un chien, tu sais ça ? Tu me regardes comme un chien. Tu me regardes trop, là, tout de suite, tu transpires. Je t'aime, mais faut voir comme je pourrais te détraquer, tu sais j'ai pas l'oxygène facile, tu dois savoir ça toi : on m'a foutu des bombes à chaque clavier, dans les poubelles, et dans mes bus, tu sais. Tu penses à moi ou bien ? T'es qui ? T'es qui derrière tes sourires ? Est-ce que tu penses, est-ce que tu pleures, de quoi, est-ce que les êtres te font mal, est-ce que tu vis encore ou est-ce que t'es une statue, est-ce que tu as roulé comme une pierre ou est-ce que tu es si meurtri que tu pourrais offrir ta vision aux aveugles, qui tu es, est-ce que tu partages, est-ce que tu vis, est-ce que t'es frappadingue ou simplement réfrigéré dans un parking, le parking de ta vie sans rien avoir vécu, est-ce que tu te gares ou est-ce que tu vis à 180, qu'est-ce que tu vis je voudrais savoir, je voudrais tellement savoir tout de toi, je voudrais tellement être là pour toi, te recueillir là et que tu te reposes enfin, j'aimerais tellement que tu t'oublies et que tu oublies mon image et ce qui a pu te paraître de moi, tu sais on s'aime déjà et les humains c'est de la connerie, tu le sais bien toi sous les bombes, tu le sais bien avec tes bus. Tu sais bien tout ça. On sait bien ce qui nous arrive. Tu connais Janis Joplin ? Tu connais quoi ? Tu connais rien. T'es là. Interrogatif. À guetter le meilleur chez les autres. Et c'est pour ça que je suis partie. Tu guettais le meilleur chez moi. Mais c'est tellement facile d'être extraordinaire. Moi je cherche une personne qui renifle mes ordures. Je sais pas si tu peux comprendre.

Week of violence - 2 (dès la première seconde tu te lasses) (lasse-toi).Désoeuvré t'as vraiment forniqué avec tout ce qui passait c'est fou ce que tu mâchais comme nuques à te croire dans les prés avec des trèfles dans la cervelle.
Nom d'un chien et c'était à voix haute que je lisais. Ma foi la voix plutôt timide et très aiguë. Devant une assemblée un parterre de mecs sordides.
T'avais la molécule qui pendait en boutons, tes synapses dansaient la trique.
Je me touchais pendant que je parlais et ça se voyait pas. Derrière le bureau.
L'investigation de ton nœud-mouche sur ton costard Tritton le sale mec que t'étais pas tu pendais partout c'est simple, tu pendais, tes yeux sifflaient, ton menton dégobillait, l'avarice t'arrêtait pas, ta tolérance zéro une flaque dans la bouillie épaisse de tes joues, ton visage une immense déflagration que tu promenais dans leurs cous seigneur que t'étais lourd.
Imaginant qu'un type pervers se planquait là sous le bureau près de mes cuisses ouvertes en m'insultant de tous les noms. À toucher ça limite de manière sadique du bout des doigts – « salope ! »
La rosée du matin tu connaissais pas je pensais t'amener en orange mais tu préférais le vert et tes sillons désastreux dans les chiottes, j'aimais pas ce que tu prenais pour des peintures je préférais à la limite les pubs qui passaient dans nos yeux.
Un soir je me suis cassée dans l'arrière-boutique on me congratula, tous les types sordides sortaient par marées à se coller à moi comme des huîtres, et putain je les regardais à me dire y'en a pas un qui. Je scrutais les vers de terre, luisants : des mecs misérables, que je sentais sans tripes et surtout plein de vergétures.
J'aimais pas ton blizzard Sephora qui puait à trois kilomètres je m'attardais sur les cloques rances du clochard qui ruminait tout bas à ma gauche j'aimais rien en fait tu sais.
Un soir j'ai eu le cafard je me suis barrée dans un bar de quartier, à Concorde, près de la Muette, pas loin du 18e. Plus trop où, et n'importe où. J'ai pris le métro dans tous les sens, à me perdre avec ma jupe sans arrière pensée et le type lubrique qui me gênait contre la vitre à ramasser son genou contre moi.
Mais t'avais pas l'air de savoir toute ta vie t'avais fait en sorte d'oublier ce genre de désagréments et de te croire toi surtout, de dire je sais quand tu savais pas, de dire elle m'aime quand elle t'aimait pas, t'avais été à l'école de commerce de la vie chez Louis Tritton et Sephora tout ce que tu savais dire c'était merci comme un con.
Un bar à Bastille où je suis tombée sur deux hommes. Et l'un qui m'a dit comme ça, le plus manisfestement intéressé par une conversation : un qui m'a parlé – tout plein de sortes d'abréviations vers mes cuisses, à glisser sa main tout en se présentant mais ça se sentait pas du premier coup, sa main. À se glisser en moi toutes les cinq minutes pendant qu'il me parlait. Je sentais rien. C'est pas grave, je me disais.
Ta soif d'exception je l'ai balancée dans la rame t'as explosé en sandwich devant une quatre par trois BHV. J'ai bien aimé contempler ton cadavre.
Dentifrice-Bubblegum en avait super marre il sentait qu'un truc couinait sous son plancher en merisier quatre mille balles – il se servit –
Bordel il se servit comme dans ses romans –
Bordel ça y est – il retomba dans cette identification sordide avec son héros –
Bordel d'ailleurs son héros n'avait toujours été que lui –
Putain ce qu'il baisait bien dans ses romans c'était fou parce qu'on pouvait rallonger les minutes et les jambes de la fille qui était toujours uniformément blonde mammouth de poitrine la lèvre en jactance comme une bulle de chewing-gum.
Brosse-À-Dent-Dentifrice-Immaculé pensait à la lèvre bulle de chewing-gum le duvet entre ses mains rugueuses. Pensant à l'horizon du siècle mourir en Porsche à un coin de néant posté dans une rue qu'il ne connaissait même pas avec une pute toute lisse gargouillant dans ses lèvres.
Brosse-à-dent-dentifrice-immaculé avait super les boules.
Il se posa le duvet entre ses mains rugueuses. Là, à réfléchir rudement.
À l'horizon du siècle.
de l'autre
si la mue ne
se présage
ni laisse
alors le long du
le regard va suivre
encore comme un aruspice d'écorce puis dans les branches des membres décharnés
aux doigts-cadrans indiquant la mise en mouvement des ailes mortes
quand dans le contre-jour traversent et que mille
prennent leur éclipse rapide virent à l'unisson dans une clameur contre l'air
Il n'y a aucune corrélation possible entre un esprit sincère et un art fatigué.
Il n'y a aucune corrélation possible entre un esprit fatigué et un art sincère.
Il n'y a aucune corrélation possible entre un esprit insincère et un art énergique.
Il n'y a aucune corrélation possible entre la paranoïa et l'art.
Il n'y a aucune corrélation possible entre la frustration et l'art.
Il n'y a aucune corrélation possible entre la culpabilisation et l'art.
Il n'y a pas d'art, il n'y a que de la sincérité.
Il n'y a pas d'art, il n'y a que des refus de compromis.
L'art n'existe pas, juste des batailles en quelques points du temps, sans medium prédéterminé.
L'art est un mot général associé à des généralités.
Il n'y a de généralisations que chez ceux qui ne veulent pas voir.
Il n'y a de généralisations que chez ceux qui ne veulent pas savoir.
Il n'y a de généralisations que chez ceux qui ne veulent pas se voir.
Il n'y a de généralisations que chez ceux qui n'arrivent pas à être un.
Ne pas pouvoir être un, se venger de l'autre en le rendant multitude impersonnelle.
« L'art ne sert à rien, tout le monde est insincère ».
L'art n'existe pas, lard ne sert qu'à ceux qui y croient, ils ne croient pas en lard, ils croient en eux, lard c'est être. Croire en soi, n'est pas se crier avec une vanité morbide, c'est une direction qui n'a pas de sens, accepter de ne jamais avoir de sens et n'être rien ; accepter l'absurdité, l'affirmer, jouer avec l'absurdité, alors lard c'est être, oui mais affirmer être une écorce vacillante, sans honte, une oeuvre ne peut être que la vibration d'une fragilité, un vacillement, si elle exprime la vie. L'insincérité chez l'autre n'existe plus pour certains, dès lors que cet autre les caresse. Il y a méprise profonde sur le caractère intrinsèque de l'insincérité. L'insincérité ce n'est que ceux qui lèchent pour assouvir leurs désirs, leurs fantasmes – sexuels, carriéristes. On aura plus tendance à dire d'un homme qu'il est « insincère » lorsqu'il se tait, plutôt que devant ceux qui vous font reluire le poil. L'estime d'une sincérité va de pair avec sa propre estime : plus on a de failles narcissiques, plus on assimilera la sincérité à ce qui va dans son sens.
La seule sincérité, c'est celle qui s'accroche, malgré les insultes.
Il n'y a aucune corrélation possible entre la suspicion et la création.
La suspicion ne se développe pas quand on fait quelque-chose de mal, mais quand on ne fait rien pour être aimé. Etre aimé c'est faire que l'autre s'aime, de ce fait il vous aime, car il vous est reconnaissant de l'avoir aidé à s'aimer un peu plus. Se faire aimer est simple : il suffit de lubrifier le narcissisme de l'autre. Ne pas vouloir être aimé l'est moins : on se méfie de vous.
Il n'y a aucun instinct de vie, qui puisse se développer sous un régime mac-carthiste.
Il est 17h56 et plus le monde bouge, plus mes pieds creusent la terre.
Il n'y a aucun espoir de retour devant les folies privées.
