ci-dessous 3 représentations formelles du principe de réalité [extraits] mises en oeuvre dans le cadre du séminaire de "fragmentation déraillée & déschématisation sociale"1.
tout le monde lit le source au même moment
tu foires une balise
et
alors tu précipites
le chaos
2.
ma tête en tombe dans le plasma
là il se relativise
"
tu vas prendre cher" il me dit
on parle de pâte
de mer
les golfes clairs
etc
tout ce ramassis d'excitations
c'est vrai c'est toujours mieux que "sans-oeuvres"
[
she said]
je ferme les yeux
l'air extérieur me caresse
à chaque fois je suis ailleurs
je-
peut-on se redéfinir ou alors créer une autre extension
de soi
le papier parle de filamentation lui
je trouve ça joli
comme cette mer de peignes
me surprend à espérer des rivages
toutefois j'ai un nom
j'en parlerai le moment venu
pardon : je lui laisserai la parole
3.
augmentation soudaine du nombre de variables
propension à osciller sur des impulsions caféines
j'alimente cette reprise ridicule
postulant que le freinage convulsif de l'être devient vite conséquent
dans l'environnement néant
je ne garantis plus rien après
à terme
à ce soir
l'entrée est à droite
après le rideau
Vacuité
Intrinsèque
De
l'Etre
Interlude.
Fugue en non mineur.J'ai entendu aujourd'hui quelqu'un qui disait il tombe des murs un beau jour quand on s'aperçoit que rien ne dure, mais alors comment font ceux qui savent déjà ne pas durer, qui n'entrent dans rien, pas un pied, pas un espoir, ni dans un objet, ni dans un but, ni dans une cuisse ?
J'ai entendu aujourd'hui quelqu'un dire maintenant tout ce que je rencontre je marche dessus, c'était un enfant avec des galets.
J'ai entendu aujourd'hui un vieux pleurer, ses larmes restaient en bordure épuisées, rien ne coulait sauf par la bouche et de sa bouche des mots comme des hoquets : comment laver les draps, comment les détacher maintenant que ma femme n'est plus.
J'ai entendu aujourd'hui un écrivain crever sous son écharpe fauve et ses dents écarlates. Il riait. Moi je le sentais crever sous sa joie, et sa Porshe comme des artères et son orgueil comme un cœur
I'm so lonesome I could cry.
Ils vous encaissent, ça marche ainsi, puis ils vous rendent la monnaie, souvent ils demandent des garanties, disais-je à l'écrivain, de loin, sous la pluie, tandis qu'il buvait un whisky au Ritz avec un chéquier. Je terminais ma clope, je l'écrasais sur une vieille rambarde marquée de pieds rageurs.
Mais alors comment font ceux qui savent déjà ne pas durer, qui n'entrent dans rien, la deuxième catégorie, celle qui de lassitude et de lucidité ne s'engage même plus dans ce qu'elle sait ne jamais durer, le ciel si bleu qui devient blanc un beau jour un peu comme l'amour.
J'ai entendu aujourd'hui quelqu'un demander : ça va, vous ne vous plaignez pas trop de votre vie ? Non vous savez, je n'ai que celle-là.
Aujourd'hui ça circule comme un animal rauque qui grince des dents, il soulève de deux griffes épaisses mon cortex puis taquine mes hémisphères d'une pointe tranchante. Le goût rape ma gorge, je voudrais tout foutre par terre, je voudrais tout recommencer, cette nappe âcre devant mes yeux, la vie à travers un voile transparent qui arrondit les angles qui n'a cure du lendemain mais je suis en cure de désintoxication, ma cure du lendemain et maintenant les jours seront jours de plomb, je serai une balle qui rebondit contre les murs, je retrouverai mon insatiable appétit de vivre, celui-là que j'endormissais, maintenant je vais devenir circulaire, boucle infâme et non bouclée, huit suspendu à mes yeux écarquillés, maintenant je vais voir crus les humains, crues les journées, blâfards les visages dans l'étal des boucheries, maintenant l'animal se perche sur mon épaule et me murmure des couplets de blasphèmes, déforme des majuscules et me susurre que le monde pourrait ne plus être si rond, que le poids sur mes épaules pourrait être léger comme un nuage, les nuages et les traînées transparentes que laissent les êtres dans mes coquilles éteintes par temps de beau soleil.
J'ai soif, je bois du jus d'oranges, j'essaye d'imaginer la pression exercée sur elles, je m'étourdis de contemplations sans nom, j'essaye de donner un nom à chacune de celles qui me traversent le gosier, histoire de m'attacher. J'essaye de nommer les choses, mais toujours cette animal cuit et bondissant, aux cernes blancs qui me hurle. Je crois qu'il me hurle moi.
Corps.Chaque individu vient au monde dans un mouvement qui le « jette » au monde. De façon tout à fait aberrante, Ignatus Bêlard n'avait jamais glissé sur quoi que ce soit, et même en ce premier instant duquel rien ne fut décidé, son être tout entier refusait le bouleversement, l'entrelac naissant, le choc de la lumière, la perforation des poumons, la palpation d'autres corps. Ignatus boursouflé, rouge comme une civière restait accroché aux limbes de sa mère, on dût l'extirper de ce merdier grâce à un pied de biche, on le finit à coups de pieds. L' « étant » est notre modalité de présence au monde, ce que nous sommes dans le monde, la somme du vécu et du présent, une ligne infinie, l'étant est notre présence au monde, soit une somme d'incohérences, d'aberrations, de prises de risques, d'aléas, de ruptures, de cavalcades, c'est ce parcours aléatoire qui enrichit l'être, l'essence, qui le fait mouvoir. Ignatus vivait pétrifié. Il s'accrochait à sa seule essence comme un réservoir inaltérable, inépuisable, il glorifiait l'essence, il en avait sectionné tous ses sens. (Albinoni –
Adagio in G minor).
On voit donc combien l' « être-jeté » d'Ignatus était altéré d'énormes contusions, dûes à un pied de biche, et combien son « étant » souffrait d'une catatonique immobilité.
C'est à partir de cette première dimension du Dasein, être-jeté et étant, que se développe l'existence, une sorte de mouvement vers l'autre et le monde, mouvement qu'Ignatus contemplait avec une suspicion mal rasée, qu'il calfeutrait à coups de karschers de Fluocaril, qu'il épongeait à grands coups de sourires, des sourires entre lesquels on voyait pointer parfois un petit bout d'endive ou d'épinard, lesquels étaient promptement assassinés d'un coup de cure-dents à la nuit tombée et voici le seul jeté au monde qu'ait connu Ignatus, sa salive, épaisse et crémeuse dans le siphon de son lavabo rutilant, ses postillons qu'il crachait à la face du monde dans des restaurants où l'on pêchait morues et maquereaux à longueur de courbettes, il se prenait des coups dans la mâchoire, à force de buter contre les sempiternels mêmes murs.
Interlude.
Je songe que j'ai eu besoin d'un animal familier pour supporter ces murs. Un animal qui efface tout, qui griffe les prunelles rend aveugle, qui perce les tympans, un animal qui efface la peur. Qui fait supporter l'envie de vivre. Au fond c'est cela. Ce n'est pas une envie de mourir. C'est cet effroyable gouffre entre une envie de vivre éclatante, auquel rien n'arrive à la cheville, surtout pas une existence, chétive, courte et déplumée comme un oisillon rampant.
Corps.Ignatus n'avait même pas la volonté d'une mouche sur une merde.
[Estragon triplex de mes fesses.] Desalgorithm II
je t'avais pas dit, l'autre nuit, les crabes aussi étaient là, juste sous la fenêtre. le ciel s'en diluait, depuis la moire de leurs coquilles, marécages. j'écrasai, un, puis tous
d'un commun
arpège,
alors
leurs biles d'entre
les fissures les vantaux viscères vertes
à même la moquette qu'on avait suintée
leurs pinces petits bras roses échafauds
puis
les toits à pluie, gouttières du jaune - et les monstres nocturnes vers,
dérivèrent
je voulais plus savoir,
au réveil Temps (Merci de bien vouloir y mettre une majuscule)
Siècle
fuite
Nuit (Merci de bien vouloir y accoler systématiquement l'adjectif « noire »)
Mort (la) (Merci de bien vouloir y mettre une majuscule)
Tombe(s)/tombeau(x)
heure(s)
vent
Passé/ Présent (Merci de bien vouloir y mettre des majuscules)
Autrefois/Demain (Merci de bien vouloir y mettre des majuscules)
amour
bouche/sang/veines/coeur/corps/chair/oeil/main
solitude (vous êtes seul contre tous) (tous est indéterminé, sans importance)
révolte
monde
Vide (le) (Merci de bien vouloir y mettre une majuscule)
Écrire/Écriture (l') (Merci de bien vouloir y mettre des majuscules)
Langue/Verbe (Merci de bien vouloir y mettre des majuscules)
entendement/conscience/raison/imagination (en saupoudrer le tout aléatoirement)
Homme (Merci de bien vouloir y mettre une majuscule)
absence
Mot (Merci de bien vouloir y mettre une majuscule)
mémoire
mère(s)/père(s)/enfant(s)
horizon/Espace/Terre
pluie/eau/mer/océan/vagues
ciel/nuages/arbre(s)
route(s)/rue(s)/ville
mur(s)
horizontalité/verticalité (termes mélodieux et pratiques car pouvant auréoler le tout d'une vague substance intellectuelle)
silence
voix
CRI (N'oubliez surtout pas cet élément capital ! que vous utiliserez de préférence systématiquement accouplé au mot « Silence » ou « muet ») (vous pouvez même parler de « Silence muet ») (« Mon cri dans ce silence muet »)
Pierre(s)
« Mon Travail » (expression capitale) (« Mon Travail s'oriente essentiellement vers »).
GUERRE (essentiel)
DIEU(X) (essentiel)
Absolu
lumière/ombre ; vérité/mensonge ; passion/haine/amour/désir ; lenteur/vitesse, etc.
Nous rappelons qu'il est nécessaire, afin de procurer l'illusion de la diversité dans
votre langage – procuré par votre tout nouveau générateur de phrases – d'y insérer quelques mots savants et compliqués glanés au hasard de vos lectures dont vous aurez préalablement vérifié le sens dans le dictionnaire.
Conseils : Il est conseillé de jouer avec les antonymes, comme ci-après :
« Autrefois sera demain et demain ne sera jamais le présent d'autrefois qui ne sera plus passé ». (Ceci n'est formulé qu'à titre d'exemple).
« La lumière de ton ombre sera plus que jamais demain l'autrefois de mon présent. »
(Ceci n'est formulé qu'à titre d'exemple).
« La verticalité d'une heure sans temps ». (Ceci n'est formulé qu'à titre d'exemple).
Exercice pratique : composez trois textes courts en prose s'articulant autour des mots : vide, horizon, guerre, océan, monde, absence, nuit, pierre.
Réponses :
1. Dans le vide de l'horizon roucoule un monde en guerre où la pierre ne connaît plus la nuit seulement des océans d'absence.
2. Ô Horizon_je n'ai plus d'océan_que ton absence, à scruter la nuit dans les_pierres de la ville, je ne cesse de faire la guerre à ce monde qui est si vide sans moi. Toi. Hum. Ô toi.
3. L'océan de ma vie ne reflète qu'une guerre des mondes toujours plus coupante, comme les pierres, en ton absence qui me claque de nuits. L'horizon et le vide sont remplis de contractions.
Exercice panique : composez un texte final avec les 73 mots de votre nouveau générateur de phrases.
Réponse :
Dans ma bouche_le Temps s'accomplit
Et les rictus_des saisons vengent le Siècle_
La nuit noire peuple d'enfants ton Absence_
Le tombeau des heures pendule mes veines_
Le monde_sourde révolte_ somnole en apnée
Dans l'océan du Verbe, la mémoire de nos pères_
Fléchit l'horizon érosion de nos consciences
_L'homme somni-fer_consécration d'un passé sans visage_
L'oeil en carton posé sur les mains_
Comme des neiges_dans les arbres de nos solitudes_
L'amour sec comme une plateforme de désillusions_
L'estomac pendaison_des dieux informes_
L'horizontalité de nos veines_perforant le chemin_
Et la pluie dans tes mains_comme le mensonge du ciel_
Le corps fait de pain de didacticiels illogismes_
L'Écriture me pulse_je ne dors plus_je suis le torrent du Verbe_
Et la passion des nuages_sous ta peau_
Une vague profonde de maux sans mots_et d'écrits vains sans vin_
La verticalité des murs se dressent_dans le vide_
Je me battrai d'écume_les abattrai d'amertume_
L'espace autour_déclivé_l'apesanteur sonnée_
De nos âmes_dans les trous de la ville_
comme des cris_dans le silence des ciments_
Autrefois ne sera jamais qu'un demain sans présent_
Nos chairs battront de l'oeil_en guerre contre l'ombre_
Lumières jusqu'à l'infini_passions jusqu'à se rompre_
De nos_langues_sans raison.
_
_
_
_ _ _ (Le générateur de phrases vous prie de cesser immédiatement vos underscore. L'exercice est fini).
_
_
_ (Le générateur de phrases vous prie de cesser immédiatement).
__
Nous vous annonçons que vous avez réussi brillamment l'exercice, ayant même pris la liberté de nous bâtir une superbe allitération « horizon érosion » ainsi qu'un brillant jeu de mots vide « somni-fer ». Ça y est. Vous y êtes.
Nous allons passer maintenant à l'étape suivante. Votre carte de visite.
Vous devrez choisir entre trois dénominations, au choix : « écrivain », « poète » ou « auteur ».
Pressez sur la touche étoile si vous souhaitez être « poète ».
Pressez sur la touche dièse, si vous souhaitez être « écrivain ».
Pressez sur la touche 1, si vous souhaitez être « auteur ».
Maintenant, souriez à la caméra. D'un air profondément absorbé par l'horizon du ciel. Vous n'êtes pas là. Répétez après moi : vous n'êtes pas là. Vous avez renoncé à vous-même. Souriez. Ayez l'air inquiet/crispé/le front soucieux.
Maintenant pressez sur la touche 2. Est-ce que vous baisez. Je répète, est-ce que vous baisez ? Flattez-moi. Est-ce que vous baisez ? Flattez-moi. Est-ce que vous baisez. Je répète, est-ce que vous baisez ?
Pressez sur la touche 3. Votre vanité sortira bientôt automatiquement de votre bouche à chaque fois que vous l'ouvrirez.
hit refresh on pitchfork home fifteen times a days'emmerder l'évidence
sécheresse quand tue
tu ne m'expires plus
alors ces mots dans un draft
la béance et se dire mourir
au fond ça commence
les yeux ouverts
inversés sur la charte
comme un écueil originel
sur la carte de mes rêves
égarés il y a -
avant que les mots ne nerfs
ou une impossible rédemption
à côté de mes pompes
et les clauses qui enserrent
nos charniers trop phobiques
le jamais dit qui sommeille là
dans l'absolu de son aporie
firmament indescriptible
le vite dit qui se voudrait
rythme or n'est terne
l'effleurement la comète
seulement car au gré
des éons même les termes
s'érodent et révèlent
leurs chairs creuses
drainées de moelle vide
implosion
ou la vision de câbles torses
de rouille noble ces entées
circulaires monstruosités
qui fleurissent en aura
alors qu'il faudrait en finir
avec les mêmes esses
qui flétrissent à tout va
et verrouillent en herses
le larynx du langage